Analyses d'ouvrages

2002: L'Université virtuelle

samiersous la dir. de Henry Samier
Les cahiers du numérique, 2000, vol. 1, n° 2, 218 p.
Bibliogr., index adresses Internet.- ISBN 2-7462-0152-6 ; ISSN 1469-3380.

Les contributions d'une quinzaine d'auteurs – universitaires ou consultants - sont réunis sous la direction d'Henry Samier de l'Université d'Angers dans ce deuxième numéro des Cahiers du numérique, une publication des éditions Hermès. Le premier numéro était consacré à « la ville numérique », celui-ci a pour thème « l'université virtuelle ».

Les technologies de l'information et de la communication apportent à l'enseignement des moyens supplémentaires inédits de diffusion et d'appropriation du savoir et des connaissances. Le phénomène s'amplifie à l'heure actuelle, la formation à distance (ou e- learning) représentant un nouvel enjeu, notamment pour les universités. C'est le thème principal de la première partie de ce cahier qui rassemble quatre articles. D. Oillo (Agence universitaire de la francophonie) et P. Barraqué (Académie de Créteil) montrent les différentes évolutions du système éducatif dues aux technologies : l'éducation a changé de paradigme ; du modèle traditionnel centré sur le professeur où l'étudiant a un rôle passif, nous sommes passés à un modèle fondé sur l'information, centré sur l'étudiant qui a un rôle actif et qui utilise l'ordinateur. Le nouveau paradigme est celui des connaissances : le groupe a un rôle « adaptatif » et utilise l'ordinateur en réseau. Cependant les auteurs insistent sur le terrain mouvant (par rapport à la communauté universitaire et aux politiques) sur lequel se développe l'université virtuelle. S. Ravet (CCIP) définit une typologie d'universités virtuelles (universités dites ouvertes, traditionnelles, nouvelles, d'entreprise ; les consortia d'universités) et détermine un certain nombre de leurs caractéristiques parmi lesquelles : taille, alliances, frontières, gamme d'apprentissages, qualité, pédagogie, équipe enseignante, compétences, recherche… Selon M. Saadoun (Institut INEDIT), la formation, en adoptant une approche client, change les perspectives et les pratiques habituelles ; la création d'espaces communs de ressources (bases de documents alliées à des applications groupware) oblige à mettre en place une « culture du service ». Elle distingue cinq principes de fonctionnement caractérisant l'université virtuelle : l'unicité grâce à un projet commun ; l'évolutivité permettant d'adjoindre des partenaires au projet ; l'autonomie ; l'universalité ; l'hétérogénéité. J. Michel (ENPC) définit un certain nombre de concepts (enseignement assisté par ordinateur, didacticiels, autoformation, formation interactive ou coopérative, plates-formes d'enseignement…) et aborde les transformations induites par les TIC dans la formation des ingénieurs.

Un modèle d'enseignement numérique, avec de nouvelles pratiques de formation, doit donc être élaboré (deuxième partie). François Peccoud (Université technologique de Compiègne) que certains lecteurs connaissent grâce au centre de veille technologique le PREAU, décrit les différentes évolutions des contextes d'enseignement : contextes à la fois technique, économique et sociologique. Il prolonge sa réflexion par une approche cognitive sur les processus mentaux d'apprentissage et analyse successivement les prothèses de lecture- écriture, de mémorisation et de communication. B. Debord (Université Lyon 1) développe la notion de savoir numérisé au travers d'exemples : Gallica de la Bibliothèque nationale de France ; « Visible Human Project » de la Bibliothèque nationale de médecine américaine ; le campus numérique du CNED ; le portail form@sup. Selon Marion Blanc (IProgress), les nouveaux modèles de formation (le tutorat présentiel ; l'autoformation tutorée à distance…) peuvent être généralisés. Leur qualité et leur efficacité répondent aux contraintes des entreprises en matière de budget et de délai, ou de présence des utilisateurs. C. Parmentier (PriceWaterhouseCoopers) montre que le développement des intranets d'entreprise favorise la communication interne et le partage de connaissances.

Les documents numériques engendrent de nouvelles interactions dans l'enseignement (troisième partie). D. Boullier (Université technologique de Compiègne) tire les leçons de trois ans d'enseignement numérique à distance, dans le cadre du DESS en ligne de conception-rédaction en documentation technique (Dicit). R. Mounyol (France Télécom) et Marité Milon (Institut national des télécommunications) décrive la construction de Supemsit (Support pédagogique multimédia pour systèmes d'information de télécommunication). Enfin, A. Galisson, H. Choplin et S. Lemarchand (ENST) analysent l'histoire d'un groupe pionnier dans la création de nouveaux supports multimédias pédagogiques.

Cette livraison des Cahiers du numérique apparaît très complète et donne une vision d'ensemble de l'université virtuelle mise en perspective avec l'université traditionnelle. Les différents points de vue et expériences contenus dans ce numéro sont suffisamment riches pour permettre à tout lecteur, désireux d'appréhender les enjeux du e-learning, de les comprendre et d'en apprécier à la fois les difficultés et les apports.

Critique parue dans Documentaliste, sciences de l'information, 2002, vol. 39, 1-2, pp. 66-67.

Cop. JP Accart, 2007

 

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