En mai et juin dernier, j’ai consacré deux Editos au thème de ChatGPT dans le monde des bibliothèques. Cette technologie soulève de nombreuses interrogations et méfiances, notamment dans le monde de l’éducation, scolaire ou universitaire, mais pas seulement. L’enjeu est grand notamment par rapport à l’esprit critique ou d’analyse des élèves et des étudiants, supposé se développer à l’école et à l’université. Avec l’IA, tout est remis en question et déjà quelques irrégularités se font jour, en termes de fraude et de plagiat : des étudiants ont été « piégés », leurs enseignants ayant reconnu dans leurs écrits, la « main » de ChatGPT, en constatant que les références bibliographiques étaient inexistantes ou fausses.

Pour les bibliothèques, les enjeux sont quelque peu différents. Il se trouve que ce sujet a été débattu à l’envi lors du dernier congrès de l’IFLA à Rotterdam, fin août dernier, supplantant le sujet plus global du numérique avec de nombreuses communications qui peuvent être consultées sur IFLA Library. Cependant, malgré leur intérêt, le sujet apparait encore trop jeune pour en voir véritablement les effets ou les conséquences dans le monde si structuré des bibliothèques, celui-ci ayant intégré chaque technologie dite nouvelle dès son apparition. Va-t-on voir comme certains l’affirment des bibliothèques plus efficaces ? Un travail documentaire en partie réalisé par une intelligence artificielle ? Une meilleure compréhension des besoins des utilisateurs avec l’analyse de leurs besoins ? Il est un peu tôt pour y répondre. A chaque apparition de nouvelles technologies, les bibliothécaires ont tout fait pour se les approprier et renforcer ainsi leurs compétences.

Les aspects éthiques posés par l’IA sont eux très importants : à l’heure actuelle, de nombreux médias et certaines entreprises souhaitent interdire son usage ou empêcher que l’IA ne s’approprie leurs données en ne donnant pas les sources réelles. Fraude et plagiat sont donc bien présents. Comment faire en sorte de garantir un réel cadre éthique dans l’utilisation de cette technologie ? La question reste posée.

Jean-Philippe Accart