Analyses d'ouvrages
1999: L'Analyse documentaire : une approche méthodologique
par Suzanne Waller avec la collab. de Claudine Masse
Paris : ADBS Editions, 1999. 319 p.
(Collection Sciences de l'information ; Série Etudes et techniques)
Annexes, bibliographie.- ISBN 2-84365-030-5
Suzanne Waller et sa collaboratrice Claudine Masse sont toutes deux spécialistes de la formation continue en documentation. Elles nous livrent un ouvrage complet sur l'analyse documentaire d'un point de vue méthodologique, ouvrage qui vient compléter utilement la collection Sciences de l'information des Editions de l'ADBS. La synthèse, le dossier documentaire, la construction d'un thesaurus ont en effet fait l'objet de publications précédentes dans cette collection et sont des guides précieux et approfondis sur le traitement intellectuel de l'information.
Comment traiter un document à partir des différentes formes qu'il peut prendre, comment différencier les opérations intellectuelles qui permettent d'en saisir le sens et par là-même d'en dégager les concepts essentiels ; comment élaborer un résumé (ou des résumés) ; qu'est-ce qu'un langage documentaire ? Toutes ces questions trouvent des réponses appropriées dans cet ouvrage qui exposent de manière claire et précise des techniques propres au métier de documentaliste. L'expérience personnelle de l'auteur, son approche synthétique d'un sujet complexe donnent à ce manuel un aspect pratique qu'apprécieront à sa juste valeur les professionnels confirmés, mais également les débutants dans ce domaine.
Le traitement intellectuel du document reposent sur le langage, l'approfondissement de ses structures, la signification des mots et l'optimisation de leur emploi. La lecture, l'écriture, la parole sont en définitive des outils qu'il ne tient qu'à nous d'approfondir. Dans son introduction, Suzanne Waller insiste sur l'importance de l'indexation dans la mesure où elle est la condition essentielle d'une recherche documentaire efficace. A l'heure d'Internet, la question de l'indexation est primordiale et "reste un des domaines les plus actifs en recherche d'informations".
Un service de documentation qui met en place des produits et services documentaires se trouve confronté à la question de sa propre politique documentaire. Elle doit être clairement définie avec des objectifs précis en vue de répondre aux besoins des utilisateurs. La politique documentaire décidée induit de manière explicite les règles à établir par rapport à l'analyse documentaire : sa finalité, ses destinataires, le fonds documentaire à sélectionner, les moyens du service à la fois matériels et intellectuels (chap. I).
La sélection des documents à indexer et à analyser s'effectue à partir de la lecture documentaire (chap. II à IV), préalable indispensable : avant de lire un document, il faut l'observer et comprendre sa structure. Le repérage visuel permet de le caractériser au travers de l'organisation des paragraphes, de la ponctuation, du vocabulaire utilisé. La distinction entre les textes descriptifs (narratif, explicatif, didactique, ou normatif) et problématiques (argumentatif, polémique) est rendue possible. La forme du document étant identifiée, il faut comprendre son contenu : que sait-on sur le sujet ? Le recours à un expert est-il nécessaire ?. L'expérience personnelle de l'analyste est alors mise à contribution, d'autant plus s'il est spécialiste du domaine concerné.
La recherche du plan, l'élaboration de grilles de lecture sont des étapes complémentaires très bien illustrées par des exemples à partir de différents types de textes. L'étude précise du vocabulaire est déterminante, ainsi que l'utilisation des mots d'articulation et la compréhension de la nature même des mots, de leur richesse (polysémie, monosémie ; dénotation, connotation).
L'analyse et la recherche documentaires sont alors détaillées (chap. V) et adaptées aux banques de données car "les champs de recherche sont classiquement - mais non exclusivement - les champs de résumé et d'indexation". Les champs des banques de données (de gestion, de description, de contenu) sont abordés avant les caractéristiques propres à la recherche en texte intégral et la recherche d'informations sur Internet.
Le résumé documentaire (chap. VI) est l'opération qui permet, tout en réduisant le volume d'un texte, d'en densifier le contenu. Après les différents usages qu'il est possible de faire d'un résumé, les différentes formes que celui-ci peut prendre sont passées en revue. Plusieurs exercices viennent étayer la démonstration : lecture critique d'un résumé, rétablissement de la ponctuation, reconstitution d'un texte sont quelques exemples.
L'indexation est certainement "l'opération la plus fréquente du travail documentaire" (chap. VII). Plusieurs questions sont posées : qu'est-ce qu'indexer ? Comment indexer ? Comment évaluer l'indexation ? Une surindexation, une mauvaise indexation sont nuisibles à la recherche documentaire, et le coût engendré n'est pas négligeable.
Les langages documentaires (chap. VIII) sont expliqués dans un dernier et conséquent chapitre. Est-il nécessaire de démontrer la nécessité d'utiliser un langage contrôlé en documentation ? La recherche en langage libre est certes très pratiquée, sur Internet notamment, mais ne répond pas de manière exacte et approfondie aux attentes des utilisateurs. Listes d'autorité, classifications, lexiques et thesaurus constituent la réponse à ce problème et même si l'auteur s'interroge fort à propos sur leur avenir, aucune autre méthode n'a encore été trouvée pour défricher et organiser les champs de la connaissance.
Critique parue dans Documentaliste, sciences de l'information, 1999, vol. 36, n° 6, pp. 351-352.
Cop. JP Accart, 2007

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