Analyses d'ouvrages

2000: Développer et exploiter un fonds spécialisé

perrinsous la dir. de Georges Perrin
Villeurbanne : ENSSIB, 1999. 160 p .
(Collection La boîte à outils)
Bibliographie sélective .- ISBN 2-910227-25-1

Depuis 1993, la collection "La Boîte à outils", dirigée par Bertrand Calenge aux éditions de l'ENSSIB, propose des ouvrages professionnels très utiles en petit format sur des thèmes choisis, avec pour point commun le développement des services des bibliothèques. Parmi les plus récents, citons "Connaître les publics, savoir pour agir" de Marie-Hélène Koenig (1998) ou "Gérer le développement d'une collection de périodiques" de Pierre-Marie Belbenoit-Avich (1998). Cette dernière publication a trait au développement et à l'exploitation d'un fonds spécialisé ; elle est dirigée par Georges Perrin, conservateur général à la Bibliothèque nationale de France qui s'est entouré d'experts, praticiens d'horizons divers.

Comme le rappelle Georges Perrin dans l'introduction-mode d'emploi, il existe différentes acceptations des termes "fonds spécialisés" : ce sont des collections sur un thème, une discipline ou un personnage et elles appartiennent à différents types de bibliothèques (publiques, universitaires, de recherche, CADIST) ; il peut s'agir aussi de "fonds particuliers" ayant fait généralement l'objet d'un don ou d'un leg.

Comment collecter et traiter ces fonds ? Par nature non encyclopédiques, il est cependant nécessaire de leur appliquer le traitement habituel auquel sont soumis les documents en bibliothèque. Faut-il les communiquer ? Ces fonds ont-ils vocation à croître ? Autant de questions axquelles cet ouvrage répond de manière claire et didactique.

Les contributions, une dizaine, ont été confiées à des spécialistes qui exposent leur propre expérience en la matière. Ainsi, l'exemple de la Bibliothèque interuniversitaire des langues orientales met-il en avant la difficulté de repérage des documents spécialisés, en dehors des sources d'informations classiques qu'utilisent les bibliothécaires. L'accent est mis sur la relation entretenue avec les fournisseurs (plus de trois cents dans ce cas précis) qui signalent des publications rares disponibles à partir d'un profil spécifique (ouvrages africains par exemple). Cette bibliothèque entretient aussi des liens dans des pays éloignés (Sri Lanka, Birmanie) dont la production éditoriale est d'accès diffcile.

L'Institut français du pétrole, pôle associé de la BNF, développe "un fonds spécialisé entre acquisitions et conservation" de plus de 150 000 références d'ouvrages, 4 400 périodiques, 80 000 rapports de sociétés (consultables sur le site de l'IFP. La politique d'acquisition de ce centre de documentation spécialisé sur l'ensemble de la chaîne pétrolière est élaborée avec les utilisateurs, soit 1800 personnes, considérés comme des acteurs essentiels.
La Bibliothèque interuniversitaire de Grenoble est CADIST (Centre d'acquisition et de diffusion de l'information scientifique et technique) dans le domaine de la physique depuis 1980 au sein d'un SICD (Service interuniversitaire de coopération documentaire). La politique documentaire s'emploie donc à intégrer un fonds spécialisé au sein d'une collection générale : "la notion de matière est privilégiée par rapport à celle d'unités physiques (collections, séries)".

Plusieurs autres expériences originales sont également décrites : l'exemple du fonds Rimbaud à la Bibliothèque municipale de Charleville-Mézières où sont rassemblés les travaux universitaires, les autographes, les articles de presse, les documents iconographiques, sonores et électroniques sur le poète ; celui des fonds patrimoniaux de la Bibliothèque municipale de Dijon avec, entre autre, des collections sur la Bourgogne (50 000 ouvrages), sur l'oenologie (6000 documents).

Les chapitres qui suivent ces exemples explorent des notions qui ont toutes en commun la valorisation de ces fonds patrimoniaux : leur traitement particulier, l'accueil de publics spécifiques (amateurs, curieux et universitaires), l'aide à la recherche, la mise en relation, la prise en compte des publics distants, la publicité faite autour de ces collections, la politique éditoriale, la recherche de partenariats.

En conclusion, Georges Perrin rappelle qu'il faut faire évoluer ces fonds et les maintenir. Certaines bibliothèques ou centres de documentation ont donc un rôle de "révélateur" essentiel et original à jouer par rapport à des fonds spécialisés. Ceux-ci sont exploités non seulement dans le sens d'un enrichissement des fonds classiques, mais également comme des sources d'information uniques pouvant intéressés différents types de publics.

Critique parue dans Documentaliste, sciences de l'information, 2000, vol. 37, n° 2, p. 142.

Cop. JP Accart, 2007 

 

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