Edito du mois

Edito 169, avril 2025 : Livres, bibliothèques et censure aux Etats-Unis

Extrait de fugues.com

Les bibliothèques sont dangereuses ! Tel semble être le message envoyé par le gouvernement américain actuel depuis début 2025 au monde de la culture et des bibliothèques. Ce qui se traduit par des coupes budgétaires drastiques. Mais ce mouvement est plus ancien, notamment dans certains états conservateurs américains qui « bannissent » des titres d’ouvrages depuis déjà quelques années : ce mouvement appelé « banned books » a mis à l’index 10 446 titres de livres en 2024, titres qui sont donc interdits d’achats dans les écoles ou certaines bibliothèques (au 1er rang desquels figurent 1984 de George Orwell ou la bande dessinée Maus d’Art Spiegelmann). 29 états américains ont suivi ce mouvement de censure inédit, avec en tête de liste la Floride et l’Iowa, suivis par le Texas ou le Wisconsin. En 2025, 43 états sur 150 ont mis en place une politique de censure.

Selon un rapport récent de Pen America (association centenaire qui défend la liberté d’expression), 36 % de tous les titres interdits mettent en scène des personnages ou des personnes de couleur et un quart (25 %) incluaient des personnes ou des personnages LGBTQ+. 60% de la littérature « interdite » concerne un public adolescent et traite de sexualité ou de genre. Récemment, un livre pour enfant écrit par l’actrice américaine Julianne Moore en 2007 a été interdit, ce qui a créé un certain remous. Les restrictions imposées aux livres et à l'accès aux auteurs, aux récits et à l'information ont aujourd'hui des conséquences considérables. Pour Pen America : « alors que la crise des interdictions de livres s'aggrave depuis trois ans, la défense des principes fondamentaux de l'éducation publique et de la liberté de lire, d'apprendre et de penser est plus que jamais nécessaire ». L’American Library Association (ALA) qui est l’organe de représentation et de défense des bibliothèques a publié une déclaration sur la censure et met en place une campagne d’information.

Face à cette politique déclarée de censure outre-atlantique qui fait penser à certaines heures sombres qu’a vécu l’Europe au XXème siècle, des réactions ont vu le jour, fort heureusement : de nombreuses bibliothèques ainsi que des librairies ayant pignon sur rue affichent de manière délibérée les listes de « banned books » et vont même jusqu’à les exposer. Des auteurs prennent la parole publiquement contre cette censure, tel Michael Connelly. La résistance culturelle s’organise donc au travers de multiples actions et réseaux d’influence. Les bibliothèques et les livres n’ont pas dit leur dernier mot.

 Jean-Philippe Accart

Bibliographie

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