International
2010 - IFLA Göteborg (Suède)
- voir l'Edito d'août 2010 sur ce site consacré au "Temps de l'IFLA" :
http://www.jpaccart.ch/me-conna-tre/editoriaux/edito-n-52-ao-t-2010-le-temps-de-lifla-3.html
- voir le site de la conférence : http://www.ifla.org/en/ifla76
- voir sur Twitter : rechercher avec #IFLA2010, les tweets sur l'IFLA
- compte rendu publié dans ;
* Hors-Texte, Bulletin de l'AGBD, nov. 2010, n° 93, p. 32-35
* et le Bulletin des Bibliothèques de France, 1, 56, 2011, p. 83-84.
IFLA 2010: Haïti, l'Afrique et le Web 2.0
Au goût du jour, la conférence IFLA 2010 l'est à maints égards : branchés, connectés sur YouTube, Twitter, Facebook...en temps réel, les bibliothécaires du monde entier peuvent suivre la version 2010 de la conférence de Göteborg (ou Gothenburg, en Suède) du 9 au 15 août 2010. Avec pour thème générique « Accès libre au savoir, promouvoir un progrès durable » [1], plus de 3000 participants [2] sont dénombrés. Une cinquantaine d' « IFLA bloggers » [3] se relaie pour informer la communauté professionnelle des tendances, nouveautés et avancées du monde de l'information. Le site de l'IFLA reprend sous forme syndiquée (soit la liste compilée de tous les messages heure par heure, dans toutes les langues) tous ces micro-messages qui, assemblés les uns aux autres, forment un portrait certainement fidèle de la conférence [4]. D'autre part, le groupe IFLA FAIFE (Comité pour la liberté d'expression) ouvre une page Facebook [5].
Le dossier brûlant d'Haïti
La conférence est loin d'être virtuelle avec des préoccupations très concrètes : l'une d'elle, et non la moindre, est : « Comment sauver Haïti ? ». L'IFLA s'implique fortement dès le début de l'annonce de la catastrophe le 12 janvier 2010 en désignant Danielle Mincio, membre du Conseil d'administration de l'IFLA, comme représentante officielle de la Fédération pour Haïti : suite à plusieurs voyages et de nombreux contacts, un premier rapport est remis [6]. A Gothenburg, une session spéciale est organisée sur la reconstruction des bibliothèques dévastées par le tremblement de terre et la reconstitution d'une offre documentaire et éditoriale. L'accent est mis sur le projet d'Arche (Ark) lancé par Danielle Mincio, un centre de traitement et de restauration réalisé avec l'aide d'Architectes Sans Frontières. De nombreuses initiatives sont prises, telles celles du Bouclier bleu, de Bibliothèques Sans Frontières ou de la Bibliothèque nationale de France. Les efforts pour rebâtir les bibliothèques haïtiennes vont se poursuivre. Les bonnes volontés sont nombreuses, qu'elles viennent d'associations nationales (comme l'ABF - Association des Bibliothécaires de France), de bibliothèques (comme la Médiathèque de Hyères) ou de particuliers. L'association suisse AGBD [7] fait un don en argent.
Un lien entre la Suède et l'Afrique
Un des premiers orateurs invités est le célèbre auteur suédois de romans policiers, Henning Mankell. Outre un discours introductif, il est également l'invité d'une session à l'Université de Gothenburg [8]. D'une façon générale les questions ont porté sur l'Afrique, les bibliothèques et la politique car l'écrivain partage son temps entre la Suède et le Mozambique depuis une vingtaine d'années, et il est très impliqué au plan humanitaire sur ce continent. Pour lui, les bibliothécaires en Afrique ont un rôle important à jouer pour lutter contre l'illettrisme. Une histoire qui l'a toujours beaucoup ému est celle d'un projet dont le but est de remettre à des enfants des livres en mémoire de leurs parents décédés du SIDA. Une fillette de 10 ans lui a montré un de ces livres, qui consistait en une feuille de papier pliée en deux, et ne contenant qu'un papillon bleu desséché, mais dont le message était clair : le souvenir de quelque chose que sa mère décédée avait aimé. Des périodes de crise économique, souvent les enfants et la culture sont les premières victimes. Et ce, parce que les enfants ne votent pas et ne se plaignent pas, et parce que la culture est une "cible facile". De cette réalité, Henning Mankell dit « nous ne devrions pas seulement dire aux hommes politiques qu'ils doivent nous aider, mais aussi pourquoi ils doivent nous aider ». Quant à la manière d'aborder les hommes politiques, il dit que l'on devrait « utiliser un langage efficace ».
Le Rapport mondial 2010 sur l'accès à l'information [9]
Sorti juste avant la conférence annuelle, la publication du Rapport mondial de l'IFLA est un des moments forts de l'année : il dresse un état de l'art de la liberté d'expression et de l'accès à l'information dans 122 pays en prenant un spectre assez large de bibliothèques. Une carte Google permet la navigation dans les différents pays du Rapport avec la possibilité offerte aux utilisateurs de déposer des commentaires [10]. Parmi les thèmes traités :
- - «Bibliothèques et Internet»: accessibilité sur le plan local; utilisation du filtrage et du blocage; accès ouvert;
- - «Aspects juridiques et légaux»: lois sur le copyright; liberté de l'information; protections de la liberté intellectuelle
- - «Aspects sociaux»: informations sur la santé et le SIDA ; formation des femmes et liberté d'accès à l'information; accès des citoyens âgés à l'information; les bibliothèques et la fourniture d'une éducation de base; les bibliothèques et l'environnement...
Une manière différente de conduire les actions de l'IFLA
L'IFLA est souvent perçue de l'extérieur comme une organisation complexe, peu capable de produire du concret. Rien n'est plus faux, et ce grâce à l'action des derniers présidents et secrétaires généraux, plus pragmatiques peut-être que leurs prédécesseurs. La conférence annuelle est en cours de réévaluation et subit d'importants changements (plus courte qu'auparavant, avec de nombreux ateliers satellites) ; le secrétariat permanent est plus efficace sous la houlette de l'Australienne Jennefer Nicholson ; l'IFLA essaye de réagir rapidement (voir le cas d'Haïti), elle est présente dans le monde grâce à ses représentations régionales. La future présidente de l'IFLA en 2011, la canadienne Ingrid Parent, a présenté le programme « Construire des associations de bibliothèques solides » (Programme BSLA). Non seulement, les associations de bibliothèques constituent une part essentielle de la profession, mais ce sont elles qui constituent l'IFLA. Le programme facilite la création et le maintien dans la durée des associations de bibliothèques. Trois pays sont sélectionnés par l'IFLA chaque année pour trois ans et la Sud-Africaine Ellen Tise - actuelle présidente - a annoncé que les pays sélectionnés pour l'année 2010 sont le Cameroun, le Liban et le Pérou. La Fondation Bill and Melinda Gates, qui soutient l'IFLA depuis plusieurs années, permet à trois pays supplémentaires de prendre part au Programme BSLA : le Botswana, la Lituanie et l'Ukraine. Un site Internet du BSLA est opérationnel à partir de septembre 2010, permettant ainsi à tous les membres de l'IFLA de faire usage des études de cas et du matériel de formation.
Le prix Marketing IFLA 2010
Depuis huit ans maintenant, la dynamique Section Management et Marketing remet un prix annuel comprenant la somme de 1000 $ ainsi que l'inscription gratuite au prochain congrès, sous l'égide du groupe éditorial Emerald - par ailleurs un des sponsors officiels de l'IFLA [11] : le prix récompense des actions marquantes pour faire connaitre les bibliothèques. Cette année, il est décerné au Centre de ressources et d'apprentissage (LCR) de l'Ecole de commerce indienne représentée par le Dr. K. Mohan. La seconde place est accordée à la bibliothèque publique de quartier Gail Borden, aux Etats-Unis, et la troisième place à la bibliothèque de l'Université de Bergen, en Norvège [12]
La Bibliothèque 2.0 et les Linked Data [13]
Le thème des réseaux sociaux est un thème sous-jacent et présent dans bon nombre de présentations cette année à l'IFLA. Cette présence montre que les bibliothèques, mais surtout les bibliothécaires contribuent fortement à cette réalité. En déclinaison, nous retrouvons le thème de la Bibliothèque 2.0. Peut-on parler d'un réel concept « Bibliothèque 2.0 » ? Comment se définit-elle ? Plusieurs termes sont évoqués : la bibliothèque hyperliens (Stephens et Collins) ; la bibliothèque sociale (de Sozial Bibliothek - Danesky et Heller) ; le catalogue 2.0 (Coyle, 2007) ; le Cataloblog (Bigwood). Le concept de bibliothèque hybride revient assez régulièrement. Olivier Le Deuff, l'un des intervenants d'un atelier très suivi « Marketing et Bibliothèque 2.0 » souligne que la blogosphère bibliothéconomique - qu'il appelle une « biblio-blogosphère » - est très dynamique,. Les blogs de bibliothèques permettent à tout utilisateur de « contribuer à construire l'identité de la bibliothèque » ce qui est une définition très juste.
La technologie des Linked Data est en plein essor et intéresse au plus haut point les bibliothèques. Rendre les données du Web « plus intelligentes », c'est l'objectif avoué et qui semble atteignable grâce à cette technologie dites des données liées, projet du World Wide Web Consortium (W3C). Défendue par Tim Berners-Lee co-inventeur avec Robert Cailliau du World Wide Web, cette technologie lie les données du web entre elles non pas par un lien hypertexte (comme c'est le cas actuellement pour les documents), mais par un identifiant, le "Uniform Ressource Identifier" (URI). Un moteur de recherche dit "intelligent" fournira donc de meilleurs résultats grâce à cette technologie.
Seules quelques préoccupations actuelles des professionnels de l'information sont développées ici : il va sans dire que de nombreuses autres auraient pu être développées. Le programme intégral est en ligne sur le site de l'IFLA, avec quelques traductions françaises. La prochaine conférence internationale de l'IFLA est prévue à San Juan de Puerto Rico en août 2011.
JP Accart
cop. février 2011
[1] Le programme en français sur le site du Comité français IFLA : http://www.cfifla.asso.fr/conferences/goteborg/indexgoteborg.htm
[2] Avec l'aide de huit mécènes différents, plus de 40 bibliothécaires de pays en voie de développement ont pu assister à la conférence de Göteborg, dont la bourse Shawky Salem 2010. Le Dr. Ismail Serageldin, directeur de la bibliothèque alexandrine, et la secrétaire générale de l'IFLA, Jennefer Nicholson, ont eu le plaisir de confirmer la poursuite de la coopération avec le Centre de langue arabe de l'IFLA, grâce à la signature d'un accord renouvelé.
[3] Soit tous les membres de la communauté professionnelle possédant un blog, un compte Twitter... qui parle de la conférence et qui se voit attribuer le statut d' »IFLA blogger ».
[4] Voir « Activity stream » : http://2010.ifla.org/
[5] IFLA FAIFE : http://www.facebook.com/faife
[6] Rapport IFLA/Haïti : http://www.ifla.org/news/international-blue-shields-mission-to-haiti-online-report
[7] Association genevoise des bibliothécaires et professionnels diplômés en information documentaire: http://www.agbd.ch/
[8] Ce compte rendu de la rencontre est extrait de celui rédigé par Johan Magnusson : http://2010.ifla.org/node/1374
[9] Rapport mondial IFLA 2010 : http://www.ifla-world-report.org/
[10] http://ifla-world-report.org/
[11] Pour déposer un dossier : http://www.ifla.org/en/management-and-marketing/marketing-award
[12] Plus d'informations : http://www.ifla.org/en/news/winners-announced-for-the-8th-ifla-international-marketing-award
[13] A partir de la présentation d'Olivier Le Deuff, « La bibliothèque 2.0, Genèse et évolutions d'un concept », IFLA 2010, https://docs.google.com/present/view?id=dfsgrrd6_11899hswfkddh
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