L'entreprise
(2001) - Systèmes d'information-documentation en réseau et performance de l'entreprise
Bulletin des bibliothèques de France, 2001, t. 46, n° 4, pp. 97-98.
L'Association des professionnels de l'information et de la documentation (ADBS) a tenu les 30 et 31 mars derniers à Reims ses Deuxièmes Rencontres biennales, conjointement avec les Assises qui réunissent régulièrement l'ensemble des animateurs de l'association. Avec 144 participants, une douzaine d'interventions, des débats, une session de posters, des flash d'informations sur la vie de l'association, ces deux journées riches et diversifiées s'articulent autour de trois thèmes : l'Information-documentation dans l'entreprise ; les Mutations juridiques et le droit de l'information ; les Evolutions et perceptions du métier.
La mutation actuelle des métiers de l'information est en relation directe avec l'évolution des entreprises : le management de l'information fait partie d'une stratégie globale et le rôle des professionnels de l'information-documentation s'accroît. Trois orientations sont explorées : le Knowledge Management, le Records Management et les archives, l'intelligence économique. Daniel Atlan, directeur des ressources humaines chez Usinor, expose la notion de développement durable et reprenant les termes employés par I. Nonaka (Harvard Business Review, nov. 1991), " la seule source sûre d'avantage concurrentiel est la connaissance ". Considérant que l'entreprise vit encore sur des théories économiques élaborées dans les années 1970, il estime que le rôle des dirigeants a changé et notamment dans le domaine des ressources humaines : autonomie, polyvalence, travail en équipe, échanges d'information conduisent à gérer des connaissances et par conséquent, des travailleurs de la connaissance. Citant Peter Drucker (Atlantic Monthly, oct. 1999), "les travailleurs du savoir (...) devront être transformés de subordonnés en décideurs et de salariés en partenaires ". Jacques Portevin, responsable du Records Management à Saint-Gobain et président de l'Association des archivistes français (AAF), démontre que les métiers de l'information, tout en gardant leurs caractéristiques d'origine, sont intégrés dans les modes de gestion et dans les finalités de production : l'information conservée doit être utile, " on ne parlera plus d'archives, mais de documents supports d'information, c'est-à-dire de " records ". Il aborde des questions importantes, telle celle de la conservation de l'information électronique, il s'interroge sur l'utilité de la mémoire propre d'un organisme à l'heure de la mondialisation. Le "Records Management ", discipline à laquelle sont prédisposés les archivistes, documentalistes, qualiticiens et informaticiens, organise le système d'information pour en assurer l'accès utile. Jean-Pierre Larcher, secrétaire général de SCIP France, explique son rôle d'animateur du Réseau de diffusion technologique de Basse-Normandie : ce réseau " apporte son soutien aux PME-PMI en matière de découverte, de compréhension et d'appropriation des méthodes et outils de l'intelligence économique ". Une opération pilote a été lancée visant à intégrer les entreprises dans une démarche de réseau et les aider à mieux structurer leurs systèmes d'information.
Les métiers de l'information doivent suivre également, outre les mutations de l'entreprise, celles du droit de l'information. Sandra Travers de Faultrier, avocate et enseignante, dresse un état de la question et donne le point de vue d'un juriste : les actes, réalisations, responsabilités et les rôles appartenant à la sphère de l'information sont détaillés. Elle précise que leur énumération est " une mesure très fiable des métamorphoses d'une fonction ". Valérie Sedallian, avocate, décrit les clauses importantes concernant les offres de services en ligne, notamment l'exploitation d'une base de données. Sont abordées, d'une part, les obligations du fournisseur (accès technique et formation) : la confidentialité des informations ; leur fourniture ; la responsabilité ; et d'autre part, les obligations du client : respect des restrictions d'usage ; statut des informations ; obligation de payer le prix ; et enfin la vie du contrat.
D'autres points, liés au droit, furent traités : par Philippe Jannet, président du GESTE " Le droit d'auteur et la presse " et par Catherine Lupovici, de la Bibliothèque nationale de France, sur " L'archivage des sites Web ".
Les évolutions des métiers de l'information sont très concrètes et découlent de ce qui a été développé précédemment. Jean Michel, conseiller auprès du directeur de l'Ecole nationale des Ponts-et-Chaussées (ENPC), après avoir montré les évolutions de la documentation depuis 1970, inscrit la profession dans la mondialisation et la net-économie : la documentation s'organise selon de nouvelles modalités (fusions, décentralisation, mise en réseau, autonomie du client, fonctions nouvelles et partagées, virtualité, ...). L'information-documentation est définie comme " un continuum de pratiques " ; le champ professionnel s'élargit et tend à gérer des connaissances plus que l'information elle-même. Il invente un sigle nouveau, l'IDC, c'est-à-dire : l'Information-Documentation-Connaissance. Dominique Lecoq, enseignant chercheur au CNAM, clôt ces interventions sur l'image, selon lui, nouvelle des documentalistes : conseil, formation et management.
Suite à ces Deuxièmes Rencontres qui sont le moment de réfléchir ensemble au devenir d'une profession, l'ADBS souhaite en tirer des orientations concrètes. Dans les mois à venir, elle ouvrira le chantier de son mode futur de fonctionnement à travers, par exemple, de nouveaux regroupements par métier.
cop. JP Accart, 2007
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