La Profession
(2011) - Le documentaliste et l'éthique
- - Cet article donne les grands principes fondamentaux servant à l'élaboration
d'un code de déontologie pour les professionnels de l'information et les
documentalistes : par rapport à l'utilisateur, à l'employeur, à l'information et
à la profession. La plupart des associations professionnelles ont rédigé leur
code déontologique. L'exemple du European Council for Information Associations
(ECIA) est celui le plus souvent cité.
- - Dit artikel geeft de grondbeginselen weer die fungeerden
voor de aanmaak van een deontologische code voor de informatiespecialist en de
documentalist: dit in verhouding tot de gebruiker, de werkgever, de informatie
op zich en de documentalist. Het merendeel van de beroepsverenigingen hebben hun
eigen deontologische regels opgesteld. Het meest aangehaalde voorbeeld zijn deze
van de European Council for Information Associations (ECIA).
Résumé
Tout métier proposant des services, encontact avec le public, se doit d’avoir une éthique professionnelle quipermette d’avoir un comportement se référant à des valeurs professionnelles. Elle se concrétise par un ensemble de règlesdéontologiques qui garantissent les droits et les devoirs de cette profession,ainsi que la qualité du travail ou du service rendu à l‘utilisateur. JeanMeyriat, en France, a été un des premiers auteurs à s’intéresser à cet aspectdu métier de documentaliste[1], aspect fondamental qui, à biendes égards, structure la profession. Les formations à ce métier ont mis uncertain temps à intégrer un cours sur l’éthique professionnelle. Ce sont lesassociations professionnelles qui, les premières, ont intégré ces règles, assezrécemment toutefois : les travaux lancés par le European Council ofInformation Associations (ECIA) ont permis à l’Association des Professionnelsde l’Information et de la Documentation (ADBS) d’adopter le code européen en1999[2], suivie par l’Association des Bibliothécaires de France (ABF) qui aélaboré le sien en 2003[3]. Sur le plan francophone, laCorporation des Bibliothécaires du Québec (CPBQ) éditait son code déjà en 1978et, enSuisse, l’Association genevoise des Bibliothécaires etProfessionnels Diplômés en Information documentaire (AGBD) a publié son code en1998[4].
L’éthique et la déontologie,de manière générale, sont des notions qui présentent des liens étroits avec lamorale, les valeurs, les missions, mais aussi avec les lois et règlements, lesnormes, les codes et les chartes. Toutes ces notions sont très étroitementimbriquées.
Ladéontologie du documentaliste
L’affirmation d’une déontologie estune condition nécessaire pour qu’une profession soit reconnue et considéréecomme telle. Les règles doivent être connues, diffusées et respectées aussibien par les documentalistes eux-mêmes, les utilisateurs des servicesdocumentaires et les employeurs. Le documentaliste a ainsi des droits et desdevoirs dans la mesure où il exerce une profession de services. Ses droits etses devoirs s’exercent à l’égard de l’utilisateur, de l’employeur, del’information et de la profession dans son ensemble[5].
À l’égard de l’utilisateur :
– l’accès à l’information : l’accès à tout documentdont l’utilisateur a besoin pour sa propre information est facilité ;
– le respect des utilisateurs : aucune restrictionfondée sur la race, la condition sociale, l’appartenance ou l’originenationale, sociale, politique ou religieuse ne doit être appliquée ;
– la confidentialité : les informations détenues par ledocumentaliste sur les utilisateurs et leurs recherches sontconfidentielles ; cela se vérifie dans toutes situations etparticulièrement dans le cas d’informations industrielles, stratégiques,militaires, politiques… Généralement, le documentaliste signe un contrat avecson employeur qui spécifie cette clause de confidentialité ;
– la conformité des sources : l’information fourniedoit être conforme et mentionner les sources identifiées, c’est-à-direauxquelles il est possible de se reporter si besoin est. Tout manquement ouerreur doit être corrigé. Le documentaliste est responsable de l’informationfournie. Cette question est d’autant plus d’actualité avec, par exemple, lescas de plagiats notoires dans les universités : les professionnels del’information sont alors chargés de mentionner la question du plagiat dans lescours sur la recherche d’information donnés aux étudiants. Des logicielsanti-plagiat ont été développés.
À l’égard de l’employeur :
– la clause de conscience : elle permet audocumentaliste de rompre son contrat de travail dans le cas où il verraitson honneur professionnel mis en cause par son employeur ; cette clausedoit figurer de manière explicite, avec cependant une garantie de protection ;
– la communication restreinte d’informations :l’employeur doit spécifier au documentaliste les informations qu’il ne souhaitepas voir diffuser : cela s’applique dans le secteur privé par exemple oùcertaines informations sont considérées stratégiques ou sensibles et ne doiventpas être diffusées à la concurrence ;
– le devoir de réserve : ce devoir est obligatoire dela part du documentaliste par rapport à son employeur.
À l’égard de l’information :
– la responsabilité à l’égard du fonds documentaire et desressources dont il est dépositaire ;
– le respect des droits d’auteur par rapport aux sourcesd’information citées et utilisées ;
– la validation et la reconnaissance de la valeur du travaildocumentaire, notamment des produits documentaires ;
– le secret professionnel par rapport à certainesinformations qui lui sont confiées.
À l’égard de la profession :
– l’action de promotion et de reconnaissance de laprofession ;
– la participation continue à des réseauxprofessionnels ;
– l’acquisition de compétences professionnelles propres etle droit à la formation continue ;
– la participation active au développement de laprofession : par la voie associative, le partage des connaissances (avecd’autres professionnels, des étudiants et des stagiaires), la publicationécrite et la recherche.
Ces principes servent de cadreglobal et peuvent être adaptés en fonction de la situation de chacun. Ils sontégalement le moyen de faire reconnaître la profession par les utilisateurs desservices d’information et de documentation.
L‘exemple du code déontologique du EuropeanCouncil of Information Associations (ECIA)[6]
L’ECIA, qui regroupait neuf associations nationalesen information-documentation, a élaboré en 1999 un code de déontologie adopténotamment par l’ADBS. Le code proposé est un code déontologique desprofessionnels de l’information prenant en compte l’environnementinstitutionnel, culturel, le cadre de travail en Europe ou hors d’Europe.Quatre grands principes déontologiques sont énoncés :
– dans le travail : honnêteté ;indépendance par rapport aux conflits d’intérêts ; être conscient de sescapacités ; respect des autres professionnels ; mise à jour desconnaissances ;
– avec l’employeur : être à son service,dans les limites de l’éthique professionnelle ; être en accord aveccelui-ci par rapport à des rémunérations extérieures ; coopérer avec sescollègues ;
– avec le client : confidentialité ;qualité du service rendu ; être libre de préjugés ; ne pas exercer decensure ; les sources utilisées doivent être publiées, pertinentes etfiables ; citation des sources et autorisation éventuelle desauteurs ; correction des erreurs possibles ; respect de lajuridiction du pays d’exercice ;
– professionnellement : communiquer cesrègles aux jeunes professionnels ; leur violation doit être accompagnée ducontrôle strict des informations soumises.
Jean-Philippe Accart
cop. 2012
Bibliographie
Accart, Jean-Philippe ; Réthy, Marie-Pierre. Le métier dedocumentaliste. 3e édition. Electre – Éditions du Cercle de laLibrairie, 2008. ISBN 978-2-7654-0961-8.
Associationdes bibliothécaires français. Le métier de bibliothécaire, sous la directiond’Yves Alix. 12e édition. Electre-Éditionsdu Cercle de la librairie, 2010. ISBN 2765409773.
Cleff Le Divellec, Sylvia. La responsabilité juridique desprofessionnels de l'information et de la documentation et les codes dedéontologie. Bulletin des bibliothèquesde France[en ligne], 2007 (consulté le 27 mars 2011), n° 4, p. 102-103 http://bbf.enssib.fr/.
HarnadStevan. Ethics of Open Access to biomedical research: just a special case ofethics of Open Access to research. Philosophy, Ethics, and Humanities inMedicine, 2007, 2, p. 31
Manifeste de l’Unesco sur la bibliothèque publique [en ligne]. UNESCO, 1994 (consulté le 27mars 2011).
< http://www.unesco.org/webworld/libraries/manifestos/libraman_fr.html>.
ManifesteIFLA pour Internet [enligne]. IFLA, 2002 (consulté le 27 mars 2011).http://archive.ifla.org/III/misc/im-f.htm..
Meyriat Jean. Principes déontologiques des professionnels del’information et documentation. Le code de l’ECIA. Documentaliste, sciencesde l’information, vol. 37, no 1, 2000, pp. 42-43.
–, Documentalistes et bibliothécaires. Regards croisés surleurs formations. Bulletin des bibliothèques de France, t. 41, no 6,1996, pp. 37-40.
–, Déontologie du documentaliste. Énoncé de principes. Documentaliste,sciences de l’information, vol. 28, no 1, 1991,pp. 38-39.
Schepens, Paula. Guide sur la gestion collective des droitsd’auteur : La société de gestion au service de l’auteur et de l’usager [enligne]. UNESCO, 2000 (consulté le 8 juillet 2009). <http://unesdoc.unesco.org/images/0012/001206/120677f.pdf>
Notes
/p>
[1] Voir Bibliographie
[2] Association desProfessionnels de l’Information et de la Documentation (ADBS) [en ligne].http://www.adbs.fr/code-deontologique-de-l-ecia-1980.htm (consulté le 20 avril2011).
[3] Association desBibliothécaires de France (ABF) [en ligne]. http://www.abf.asso.fr/pages/interieur-contenu.php?categorieTOP=6&categorie=46&id_contenu=78(consulté le 20 avril 2011)
[4] Association genevoise desBibliothécaires Diplômés en Information Documentaire (AGBD) [en ligne]. : http://www.agbd.ch/code.php (consulté le20 avril 2011)
[5] Ce paragraphe est inspiré par les écrits deJean Meyriat et le Code de l’ECIA
[6] Association desProfessionnels de l’Information et de la Documentation (ADBS) [en ligne].http://www.adbs.fr/code-deontologique-de-l-ecia-1980.htm (consulté le 20 avril2011).
Article publié dans : les Cahiersde la documentation, n° 2, 2011, Numéro Spécial Info & éthique , Y a-t-il
une ligne rouge ?

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