La Profession

(2011) - Quelles valeurs professionnelles à l’heure de la confusion des organisations

horstexte

écrit en collaboration avec Daisy McAdam, publié dans Hors-Texte - Revue de l'Association genevoise des bibliothécaires diplômés en information documentaire (AGBD), juin 2011, n° 95  - Extraits

Introduction
En tant que professionnels de l'information documentaire particulièrement assagis (bibliothécaire et/ou documentaliste, voire spécialiste en information documentaire), il semble que la période de turbulences que traverse notre monde professionnel surfe vers des dérives opposées à l'expression même de nos valeurs professionnelles fondamentales.

Ce métier, que nous exerçons l'un et l'autre depuis plusieurs décennies avec un certain succès et même une certaine reconnaissance, nous a amenés à ouvrir nos yeux sur de nouvelles perspectives en développant de nombreuses collaborations allant de l'action locale
à l'action régionale, européenne et internationale, dans un environnement de plus en plus global et ceci dans un bel esprit de partage et de solidarité professionnels.

Nous avons ainsi chacun mené de nombreux projets, créant des synergies et faisant participer nos équipes respectives à ces derniers ; leur confiant des responsabilités qui développaient de manière tonique de nouvelles compétences dans un état d'esprit dynamique. D'ailleurs, il s'agissait souvent de projets innovateurs, largement ouverts sur l'avenir.

La pratique quotidienne de ce métier dans lequel nous sommes véritablement engagés, ainsi que l'exercice constant de nos valeurs professionnelles, nous a façonnés et permis de nous affirmer en développant nos compétences et nos capacités.

Or, force nous est de constater aujourd'hui, que le noyau même de notre métier semble être menacé et mis en danger, et ce de plusieurs manières, que nous allons essayer de passer en revue pour mieux en saisir les raisons.

(...)

Contexte actuel

Le contexte actuel est loin d'être rose pour les bibliothèques et les services de documentation, il est souvent gris, voire parfois très noir. Les exemples dont nous disposons sont nombreux, non seulement en Suisse, mais en Europe, aux Etats-Unis également. Un des facteurs prépondérants qui nous touche, mais cela concerne tous les secteurs professionnels, est celui de la bonne santé de l'économie : en période de crise économique comme celle que nous connaissons depuis 2008, le secteur des bibliothèques et de la documentation en subit les conséquences négatives. Souvent rattachées au domaine culturel, les bibliothèques voient alors leurs budgets réduits et les postes de travail non renouvelés. De nombreuses bibliothèques aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne sont menacées de purement et simplement disparaître - ou ont déjà été fermées - alors qu'elles constituent un lien social fort sur le plan de la communauté locale. L'association faîtière des professionnels de l'information britannique, CILIP a lancé une vaste campagne de sensibilisation dans tout le pays, notamment sur les réseaux sociaux en insistant sur l'aspect convivial des bibliothèques.

Dans les entreprises, les services de documentation sont soumis à rude épreuve : hormis les phénomènes de fusions/acquisitions qui entraînent - et c'est d'ailleurs le but - des réductions drastiques, la fonction documentaire elle-même n'est plus reconnue à sa juste mesure et perd de sa substance. Diluée, elle n'est plus l'apanage de notre profession, mais relève de la communication, du marketing, de certains cadres, même parfois de secrétariats... Chacun ayant Google à portée de doigts, toute l'information semble accessible sans intermédiaire. Les directions sont alors portées à croire que c'est suffisant. Ce phénomène de googlelisation touche aussi les bibliothèques universitaires, renforcé encore auprès du grand public par le malentendu de mise sur orbite de certaines d'entre elles de textes rares sur Google Livres. D'ailleurs, les chercheurs et les enseignants ne basent-ils pas leurs travaux et leurs recherches sur ce qu'ils trouvent à partir de leur écran d'ordinateur, oubliant que, par exemple, c'est la bibliothèque et les bibliothécaires qui négocient, gèrent et tiennent à jour les accès aux licences coûteuses, aux périodiques électroniques et aux bases de données scientifiques de pointe ?

On voit également, de plus en plus couramment, des municipalités (en France, mais aussi en Suisse) passer outre pour engager à des postes à hautes responsabilités des personnes complètement étrangères plutôt que des bibliothécaires qualifiés : ce fut le cas récemment pour les Bibliothèques municipales de Genève qui ont vu un informaticien être nommé à leur tête (ce dernier est revenu
entre-temps à son ancien poste) ; la Bibliothèque de l'Alcazar à Marseille  connaît des problèmes de directions importants, entraînant des réactions en chaîne dans le milieu professionnel (avec la suppression du congrès 2013 de l'Association des bibliothécaires de France qui devait avoir lieu à Marseille) ; plus récemment encore, la Bibliothèque de l'Organisation des Nations Unies (ONU) à
Genève a vu nommer une personne ayant des compétences administratives de haut niveau sans aucun lien avec les bibliothèques, ce qui semble être le cas d'un bon nombre d'autres organisations internationales. Et ne parlons pas du recrutement dans les bibliothèques au niveau des instances européennes (du côté de Bruxelles) qui, par un jeu de concours et de roulements continuels, ont trèspeu de bibliothécaires diplômés à la tête de leurs nombreuses bibliothèques.

(...)

L'article intégral peut être demandé auprès de JP Accart : info@jpaccart.ch

cop. JP Accart/D.McAdam 2012






 







 







 





 







 




 

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