Les Techniques documentaires

(1994) - Une étape importante du travail de recherche: la bibliographie

 Une étape importante du travail de recherche : la bibliographie. Recherche en soins infirmiers, 1994, 37, juin, pp. 61-65.  En ligne.

Interbloc, 1994, t. 13, n° 1, pp. 45-46. (1ère partie)

Interbloc, 1994, t. 13, n° 2, pp. 28-29. (2ème partie)

Le mémoire de fin d'etudes et la bibliographie (1ère partie)

Les études d'infirmier(e), d'infirmier(e) spécialisé(e) ou de cadre infirmier s'achèvent généralement par la rédaction d'un mémoire. Ce mémoire entérine plusieurs années d'études : c'est l'étape finale avant le diplôme et l'entrée en fonction. Il est le produit d'une réflexion et est basé sur une recherche personnelle importante. La délimitation du sujet avec les enseignants, la mise à plat des termes de la recherche, la consultation des différentes sources disponibles dans la bibliothèque ou le centre de documentation de l'école (ouvrages, encyclopédies, revues paramédicales ou en santé publique), la discussion éventuelle avec des spécialistes du sujet recherché (médecins, professeurs) constituent les bases d'un travail sérieux et approfondi. Toutes ces étapes permettront à l'étudiant(e) de cerner véritablement tous les aspects attachés à son sujet de recherche.

Il accumulera ainsi une documentation importante et variée qu'il lui appartiendra de lire et d'analyser. Il pourra également affiner sa recherche en consultant les diverses banques de données existantes à l'heure actuelle (PASCAL du Centre National de la Recherche Scientifique C.N.R.S., Medline de la National Library of Medicine aux Etats-Unis, B.I.R.D. du Centre International de l'Enfance, la B.D.S.P. (banque de données en santé publique sur Minitel 3617) par exemple. Si l'étudiant est habitué à travailler sur traitement de texte, il pourra constituer sa bibliographie sur disquette et ainsi la modifier à tout moment. La forme la plus classique reste cependant la forme papier.

La qualité de la bibliographie

La rédaction du mémoire interviendra dans un deuxième temps. Un travail de cet ordre, que l'on peut qualifier de scientifique car il est régi par certaines normes (la qualité, le sérieux de la rédaction, des citations diverses), est bien sûr un travail de réflexion personnel ; mais il se base pour beaucoup sur ce qui a déjà été fait : des travaux anciens, pouvant remonter à une dizaine d'années, sur le même sujet, mais qui demandent une actualisation. C'est là qu'interviendra la bibliographie, c'est-à-dire toutes les sources, imprimées, visuelles ou sonores qui auront été utilisées. Il faudra impérativement citer ces sources, les ordonner, éliminer les moins pertinentes, vérifier leur qualité.

En bref, cela vous permettra de progresser sur le plan professionnel, et aux futurs lecteurs du mémoire d'aller éventuellement plus loin. Ce travail, qui peut paraître rébarbatif ou ennuyeux, est, de fait, très important. Voici donc expliqué, en quelques paragraphes, le pourquoi et le comment de la bibliographie.

Qu'est-ce que la bibliographie ?

La bibliographie est constituée de tous les documents publiés qui ont été cités dans le mémoire. C'est-à-dire :

- des encyclopédies (générales, paramédicales ou médicales) qui font le point sur un sujet de façon globale en abordant son historique, son développement : on peut citer l'Univers de la Profession Infirmière, l'Encyclopédie Médico-Chirurgicale (E.M.C.) ;

- des livres, ouvrages de base, dictionnaires spécialisés, manuels (texbook en anglais) , des abrégés, afin de préciser les notions de base à développer. Il peut s'agir également de monographies, de biographies ou de chapitres particuliers d'un ouvrage que vous jugez bon de citer ;

- des articles de revues : la presse infirmière et paramédicale française est en plein développement et sa qualité va croissant. La presse étrangère (et canadienne notamment) doit également être consultée. Un article souvent cité ou repris peut être une bonne source ; un autre moyen est de s'adresser directement au spécialiste du sujet (un praticien hospitalier, un professeur de santé publique, par exemple) pour savoir quel est l'article à lire sur le sujet choisi. De plus, un article a obligatoirement une bibliographie qui renvoie automatiquement à d'autres sources. Cela peut être une bonne méthode pour constituer soi-même sa propre bibliographie. Si cette bibliographie est de bonne qualité, le travail de constitution va être simplifié : de référence en article, une chaîne se constitue dont on exploite les maillons. Plus la référence est précise, plus il est facile de se la procurer.
Une bibliothèque ou un centre de documentation proposent, en général, un service de commande de photocopies. Il ne faut pas hésiter à s'adresser à l'auteur d'un article, soit directement, soit par l'intermédiaire de la revue ; en général, il acceptera d'adresser des tirés à part ou une photocopie de ses publications.
Les périodiques en soins infirmiers publient également des numéros spéciaux sur des sujets particuliers ;

- des dossiers, des rapports, des brochures, des mémoires : c'est ce qu'on appelle la littérature grise, c'est-à-dire tout ce qui est publié par des organismes officiels, les administrations, à usage interne et non diffusé dans le public. Le ministère de la Santé et la Direction des Hôpitaux en particulier éditent des brochures sur la santé publique, les hôpitaux, les maladies. Le meilleur moyen de les consulter est de s'adresser à la bibliothèque du ministère, ouverte au public, ou aux bibliothèques administratives hospitalières.

Les mémoires et rapports déjà soutenus constituent, si leur bibliographie a été bien faite, des .sources précieuses. A ce sujet les Ecoles de Cadres publient le plus souvent un catalogue des mémoires de leurs étudiants ; une collection intéressante dans ce domaine est à citer : " Les Formations à l'A.P.-H.P.» ;

- des études d'intérêt général qui ont marqué la réflexion dans votre champ d'analyse. Il ne faut retenir cependant que les travaux que vous avez lus ou au moins feuilletés ou consultés ;

- des recherches de laboratoires : l'I.N.S.E.R.M. ou le C.N.R.S., par exemple, possèdent différents laboratoires de recherche, dont certains sont implantés dans des hôpitaux : sur l'éthique ou la santé publique par exemple ; il existe, en général, un fonds documentaire dans le laboratoire, l'établissement ou l'institution. Pour savoir quelle équipe de chercheurs travaille sur quel terrain, la banque de données sur Minitel 3617 B.I.R. vous donnera des renseignements utiles sur le sujet ;

- des textes de lois, des décrets, des circulaires : la santé publique étant régie par des textes législatifs, il n'est pas inutile de citer ces sources. Plusieurs banques de données consultables sur Minitel peuvent être consultées : JURISANTE (du Centre National de l'Equipement Hospitalier) en droit hospitalier, REFLEX, JOEL, afin de consulter le Journal Officiel ;

- des banques de données en soins infirmiers ; il n'y a pas de banque de données en soins infirmiers à l'heure actuelle. Seules certaines parties des banques de données existantes peuvent intéresser les étudiants. Elles constituent cependant un excellent moyen de recherche bibliographique. Medline (de la National Library of Medicine), PASCAL du C.N.R.S., B.I.R.D. (du Centre International de l'Enfance) ;

- des films, des images, des cassettes enregistrées (de conférences par exemple).

Cop. Jean-Philippe Accart, 2007

La constitution de la bibliographie (2ème partie)

La constitution doit être exhaustive, aussi bien dans la liste que dans son contenu. Les références doivent être notées avec le maximum de renseignements. En effet, lors de l'établissement de la bibliographie finale, la sélection se fera sur les références « utiles » , les plus pertinentes et répondant le mieux au sujet de la recherche.

Quand l'étudiant rédige sa bibliographie sur papier, il doit associer une référence à une fiche (1 fiche par référence). Il est alors plus aisé de supprimer des détails inutiles que de rechercher une précision qu'on aurait omis de noter.

Dans tous les cas la référence d'un article se note de la façon la plus complète possible :
1) Dans le cas d'un article publié dans une revue, la référence devra comporter : Auteur(s) nom, prénom(s) ou au moins initiale(s), date, titre complet, nom de la revue, n° de la revue, première et dernière pages.
2) Quand il y a plusieurs auteurs, les reporter dans l'ordre et faire précéder le dernier de la conjonction « et » (ceci même pour les auteurs étrangers, lorsqu'ils sont cités dans un mémoire en langue française).
3) Quand il s'agit d'un ouvrage, on devra indiquer : le ou les auteur(s) en respectant les règles précédentes, le titre, la date, la collection si elle a un titre spécifique, l'éditeur, le n° de l'édition s'il yen a eu plusieurs, la ville, tout cela dans l'ordre indiqué dans la revue choisie.

Cette façon de noter une référence est tout aussi valable si l'étudiant choisit de travailler sur traitement de texte ou avec un logiciel bibliographique ; dans ce cas, lors de l'établissement de la bibliographie définitive, un logiciel de tri et un traitement de texte, permettront facilement de faire apparaître la liste souhaitée dans la forme spécifique du mémoire ou de la revue concernée.

Noter toute information transmise par une personne dont la compétence est reconnue, du fait par exemple de travaux antérieurs, est également très important. Dans ce cas, elles pourront figurer dans un mémoire ou une publication, suivies du nom de leur auteur et de la mention « communication personnelle ».

La place de la bibliographie

La place de la bibliographie dépend de son importance : si elle comporte moins de vingt titres (toutes catégories confondues), sa place est à la fin du mémoire. Cette solution peut également être retenue pour une bibliographie plus fournie. Certains auteurs font un autre choix. A la fin de chaque chapitre, ils établissent la bibliographie correspondant au thème qui y est traité et placent la bibliographie générale à la fin de l'ouvrage. Dans tous les cas, la clarté et la cohérence sont les règles de base.

L'organisation de la bibliographie

Placée en fin de mémoire, la bibliographie peut être organisée de différentes manières : soit par ordre alphabétique d'auteurs, soit par catégories de documents, soit, enfin, par thèmes. Mais revenons sur ces différents plans de classements :

- le classement par ordre alphabétique d'auteurs : tous les textes sont rassemblés en une liste unique. L'ordre alphabétique permet de repérer un auteur lorsqu'on le connaît. Dans ce cas, le contenu des textes ne constitue pas un critère de classification ;

- le classement par catégories de documents : il est tout à fait possible de classer sa bibliographie en fonction des caractéristiques formelles des textes (exemple : livres, articles, rapports, textes de lois, etc.) ;

- le classement par thèmes : un certain nombre de thèmes centraux peuvent être dégagés : cela permet d'organiser ainsi l'ensemble des références.

Au sein de chaque thème. Les ouvrages sont classés par ordre alphabétique. Dès qu'une bibliographie comporte plus de trente références (cela peut aller jusqu'à une centaine de références citées pour un mémoire), cette solution est la plus pertinente. D'une manière générale, les références sont classées par ordre alphabétique de la première lettre du premier auteur et le numéro d'ordre (chiffre arabe) est attribué selon ce classement.

La présentation de la bibliographie

Une bibliographie annonce les références :

1) soit dans l'ordre des citations dans le texte, auquel cas la citation est suivie d'un n° que l'on retrouve dans la bibliographie ;

2) soit par ordre alphabétique (système Harvard) : dans ce cas, les règles sont très précises :
- la liste est établie par ordre alphabétique du 1er auteur ;
- quand il y a 2 auteurs, pour un 2e auteur apparaissant plusieurs fois, les références seront données par ordre chronologique ;
- quand, pour un même auteur identique, le « 2e auteur » est différent, les références sont données par ordre alphabétique du nom du 2e auteur :
Exemples :
Dupont A., 1980,...
Dupont A., 1981,...
Dupont A. et Durand 8., 1979,...
Dupont A. et Durand 8., 1983,...
Dupont A. et Maréchal I., 1975,..,
Dupont A. et Robert E., 1980, ...
Dans tous ces cas, dans le texte, les citations sont suivies du (des) nom(s) d'auteur(s) et de la date.
- Quand il y a plus de 2 auteurs, dans le texte, on ne cite que le 1er auteur, suivi de la mention « et al. » (pour « et alii ») ou « et coll. » (pour « et collaborateurs ») ; la 1ère formule (et alii) a l' avantage d'être internationale.

Dans la bibliographie la liste complète des auteurs doit figurer et les références seront classées en respectant les règles énoncées pour 2 auteurs, avec extrapolation au 3e, voire au 4e, etc.

Quand il s'agit d'un ouvrage, il est parfois recommandé d'indiquer dans le texte la ou les pages où figure la citation concernée.

Quelques règles a respecter

Toutes ces règles peuvent apparaître exagérées dans leurs précisions et inutiles dans leurs exigences. En fait, l'expérience vous apprendra vite, si ce n'est déjà fait, que leur respect par tous les auteurs est le seul moyen de s'y retrouver, surtout au niveau international. Il est donc important de les connaître et de les respecter dès le début de la constitution de la bibliographie, quelque soit son support. Cette contrainte mineure évite bien les déboires par la suite.

Il faut être conscient que le sérieux et la rigueur d'une bibliographie sont souvent l'indice révélateur du sérieux et la rigueur de l'ensemble du travail. C'est une question de « forme » souvent révélatrice du « fond » et c'est une discipline à laquelle il faut absolument s'astreindre.

Une autre règle, absolue, est que la bibliographie d'un mémoire ou d'une publication doit comporter les références de toutes les citations du texte, et celles-là seulement. Il n'est pas question de citer tout ce que vous avez lu au cours de la recherche, mais de donner toutes les indications utiles pour qu'un lecteur puisse retrouver les articles et ouvrages cités. Voici l'exemple d'une bibliographie regroupant quelques cas de figure énoncés précédemment. Le thème en est : « la recherche en soins infirmiers » :

1. Beckett JE. Nursing Research utilisation techniques, Journal of American Nursing, 1900, 11, 22-27.
2. Bunge H.L. : The first decade of Nursing Research, Nursing Research, 1962, 11, 132-137.
3. Circulaire n° 89-007, du 9 janvier 1989, sur l'enseignement supérieur, Paris, Editions du Journal Officiel.
4. Circulaire n° 91-485, du 3 octobre 1991, relative à la réforme hospitalière, Paris, Editions du Journal Officiel.
5. Collin A. Histoire mondiale des sciences, Paris : Seuil, 1983, 320 p.
6. Décret n° 84-689, du 17 juillet 1984, relatif aux actes professionnels et à l'exercice de la profession d'infirmier, Paris, Editions du Journal Officiel.
7. Éditorial, The Nurse in Nursing Research, Nursing Research, 1961, 2, 99.
8. Florin M.P. et Moussa T. Obligations et responsabilité des infirmières aujourd'hui, Paris, Le Centurion, 1985, 297 p.
9. Formarier M. Editorial, Recherche en Soins Infirmiers, 1985, 1, 13-15.
10. Formarier M et Poirier-Coutansaais G. Initiation à la recherche en soins infirmiers, Paris, Lamarre, 1985, 280 p.
11. Grivet L. L'infirmière et la recherche, Infirmière Magazine 1991, 49, 17.
12. Guide du service infirmier, 1986, n° 3, série soins infirmiers, circulaire n° 152 du 30 juin, terminologie des soins infirmiers, glossaire provisoire, Paris, Editions du Journal Officiel.
13. Lancouet G et Porlier JC. Pratiques statistiques en Sciences humaines et sociales, Paris, E.S.F., 1989, 300 p.
14. Lanza D et Sechaud L. La recherche une nécessité, Soins, 1991, 544, 18-19.
15. Lellouch J et Lazar Ph. Méthodes statistiques en expérimentation biologique, Paris, Flammarion, 1983, 180 p.
16. Loi n° 91-748 du 31 juillet 1991, Rortant réforme hospitalière, Paris, Editions du Journal Officiel.
17. Ouellet A. Processus de recherche (une approche systémique), Québec, Presse Universitaire du Québec, 1981.
18. Paillard J. Un nouvel objet de recherche : la pratique infirmière, Panorama du Médecin, 1991, 28/02, 3.
19. Segesten K. Editorial, Scandinavian Journal of Caring Sciences, 1990, 3, 97-98.
20. Serres M, Authier M, Benoist P, Bensaude-Vincent B, Bowkert G, Orouin JM, Golstein C, Latour B, Levy P, Rit ter J, Stengers I. Eléments d'histoire des sciences, Paris, Bordas, 1989, 575 p.

Quelques conseils utiles

  • Des références trop nombreuses ne traduisent pas toujours des connaissances étendues, mais plutôt l'absence d'esprit critique.
  • Ne citer que des références de documents publiés, que l'on a lu et choisi pour leur intérêt.
  • Contrôler les références avec l'article (ou sa photocopie) pour éviter toute erreur de transcription.
  • Présenter les références selon le système adopté par la revue, à laquelle l'article est destiné.
Ce qu'il faut éviter
  • les articles d'accès difficile,
  • les thèses,
  • les résumés de congrès publiés dans des périodiques,
  • les lettres,
  • les communications personnelles,
  • les articles « sous presse ».
Les références à proscrire
  • les résumés de congrès non publiés dans des périodiques,
  • les articles « soumis pour publication »,
  • les communications orales,
  • les références de seconde main.

Références

  1. Accart JP. Le Monde infirmier et la documentation. Interbloc, sept. 1992, XI, 3, 330-32.
  2. Accart JP. La documentation informatisée en soins infirmiers, Interbloc, 1992, XI, 4, 31-34.
  3. Chalumeau MT. La Bibliographie, Cours I.E.S.C.H.-A.P.-H.P., 1993.
  4. Fragnière JP. Comment réussir un mémoire, Paris, Dunod, 1986, 141 p.
  5. Hughier JM. La Rédaction médicale, Paris, Doin, 1991, 220 p.
  6. Lefort G. Savoir se documenter, Paris, Les Éditions d'Organisation, 1990, 190 p.

Cop. Jean-Philippe Accart, 2007.

 

 

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