Les utilisateurs
(2004) - L’IFLA et l’illettrisme: quelques recommandations.
Arbido, 2004, n° 10, pp. 24-25.
Depuis sa création en 1927, l’IFLA (International Federation of Libraries Associations and Institutions) axe son action essentiellement sur la lecture publique et plus généralement, sur l’accès à l’information pour tous, ce dernier thème étant devenu par ailleurs un des slogans du Sommet mondial sur la société de l’information. Cette action se décline de diverses manières, dans les principes et sur le terrain. De nombreuses sections au sein de l’IFLA travaillent sur ces thèmes, sous des angles différents : le plus souvent, cela aboutit à des recommandations pour les bibliothèques. Celles-ci s’avèrent fort utiles dans de nombreux cas, car elles servent de référence dans le monde bibliothéconomique, vise à unifier les actions entreprises et fournissent un schéma directeur. Tous les aspects du travail bibliothéconomique sont ainsi touchés.
Dans le cas qui nous occupe, c’est la Section Lecture (Reading) de l’IFLA qui a pris en charge l’illettrisme. Un document très clair a été rédigé : Guidelelines for Library-Based Literacy Program qui existe en cinq langues (anglais, français, allemand, espagnol, portugais) téléchargable à partir du site de l’IFLA (cf Bibliographie).
L’illettrisme, dans le contexte de la société de l’information, reste un phénomène précoccupant surtout dans les pays du Sud. Selon l’UNESCO, « le taux d’alphabétisation des pays de l’OCDE approche 100%, celui des pays les moins avancés (PMA) est encore proche de 50% ». A l’heure d’Internet, cela siginifie qu’une grande partie de la population mondiale n’y a pas accès ou n’a pas accès à la connaissance tout court. Les bibliothèques, en tant qu’institutions culturelles, peuvent jouer un rôle déterminant et certaines réalisent de nombreux efforts en la matière. Ce en quoi elles participent pleinement à la société de l’information.
Mais revenons sur les travaux de la Section Lecture de l’IFLA en matière d’illettrisme.
Les recommandations de la Section Lecture de l’IFLA
La section Lecture de l’IFLA propose un certain nombre de recommandations pour lutter contre l’illettrisme, estimant à juste titre que les bibliothèques ont un rôle important à jouer en la matière. Un programme de lutte contre l’illettrisme peut ainsi être mis en place.
Partant du principe que « savoir lire et écrire contribue grandement au bien être économique, social et culturel des communautés et des nations », la Section Lecture étudie les publics touchés (jeunes, chômeurs, adultes en difficulté, groupes ethniques, travailleurs immigrés, réfugés, publics empêchés) ; les coopérations à mettre en place, les partenaires à contacter (agents et services d’action culturelle, écoles, associations, syndicats…) et le matériel nécessaire notamment pour la lecture (brochures, presse et revues, moyens audiovisuels ou technologiques).
Une insistance particulière est mise sur le choix du matériel écrit qui sert de support pédagogique : la forme (caractères, mise en page, illustrations) ; le langage (clarté, compréhension) ; le vocabulaire (mots courts, usuels) ; la structure des textes et des phrases (présentation et développement des idées).
L’accent est mis ensuite sur la préparation d’une équipe pour participer à un programme de lutte contre l’illettrisme, et notamment sur les connaissances et les compétences requises :
- comprendre le phénomène de l’illettrisme ;
- comprendre les besoins des personnes illettrées et le rôle des bibliothèques ;
- identifier les populations à toucher ;
- et connaître les partenaires possibles.
Bibliothécaires et formateurs travaillent donc en étroite collaboration, avec parfois l’aide de tuteurs en alphabétisation qui sont des bénévoles formés à cette pédagogie particulière.
La promotion de la lutte contre l’illetrisme
Les bibliothèques qui proposent des programmes de lutte contre l’illettrisme doivent mettre en place une politique de marketing, la promotion étant en effet un aspect essentiel. Un groupe de projet permet de réunir les bibliothécaires, les utilisateurs, les représentants de la collectivité, des associations, les médias. Le spectre représenté des acteurs concernés doit être très large si l’on ne veut pas laisser de côté certaines catégories de population et sensibiliser les politiques.
La promotion se fait au moyen d’affiches, de tracts d’information, de contacts divers avec les partenaires potentiels.
L’évaluation du programme mis en place
Il est important d’évaluer si les actions entreprises ont porté leurs fruits. Des entretiens (individuels ou en groupe) s’avèrent de bons moyens d’évaluation et permettent de calculer l’efficacité du programme. Les questions portent généralement sur le matériel écrit proposé, son accessibilité et sa compréhension ; sur la pédagogie adoptée ; sur les ressources utilisées.
En conclusion
Il apparaît que même en ce début de XXIème siècle, de nombreux progrès restent à faire en matière d’illettrisme. Des programmes locaux, nationaux et internationaux sont mis en place : l’Union européenne avec EU Read Manifesto ou le programme de l’ONU intitulé United Nations Literacy Decade : Education for All (2003-2012) sont parmi les exemples les plus marquants. Les recommandations de la Section Lecture de l’IFLA n’en sont que plus actuelles.
En savoir plus
- Section Lecture de l’IFLA : http://www.ifla.org/VII/s33/ (recommandations, programmes, bibliographies, lettres d’information).
- Comité suisse de l’UNESCO contre l’illettrisme : http://www.unesco.ch/work-f/alphabetisierung_ch.htm
cop. JP Accart, 2007
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