Edito du mois
Edito n° 15, mars-avril 2005 - La «mal info»
ou comment nous nous informons
En décembre 2004, l’Observatoire du débat public, a publié les premiers résultats d’une enquête sur la consommation des médias en France, intitulée « La mal info » et reprise par Le Monde dans son édition du vendredi 24 décembre 2004. Les résultats sont passionnants et méritent l’attention des professionnels de l’information : il apparaît que l’information correspond désormais à un besoin fondamental, au même titre que se nourrir, se loger ou se vêtir. La boulimie d’information est réelle : nous grappillons l’information partout où elle est diffusée, à la télévision (8,7 millions de spectateurs du 20 heures de TF1), à la radio (3,5 millions d’auditeurs du 7-9 de RTL), dans les quotidiens (760 000 exemplaires diffusés d’Ouest-France) et bien sûr, sur le Net (16 millions de visiteurs pour lemonde.fr en novembre 2004).
Cette boulimie semble traduire un sentiment d’inquiétude sur les évolutions du monde en cours et le besoin, grandissant, de suivre les événements en direct. Parmi les personnes interrogées pour cette enquête, citons les propos d’Eric : « Depuis l’attentat du 11 septembre, c’est un peu comme si on attendait le suivant. Les médias aussi, ils attendent l’événement sensationnel ». Fabien, lui, estime que « quand les médias bloquent sur une info que l’on retrouve partout, je sens que trop d’info tue l’info et je ne suis plus réceptif ». Quant à Florence, « je ne peux pas me coucher sans mon stock d’info. C’est comme une drogue ». Et Nathalie ajoute : « J’aime bien m’informer tous les jours, on vit en société, c’est bien de se tenir informé sur ce qui se passe ».
L’enquête montre qu’en général la politique lasse, mais que les faits divers, le sport, la Bourse ou l’immobilier passionnent.
Notons que cette évolution est normale, au vu des moyens d’information mis à la disposition d’une majorité de citoyens actuellement. La maîtrise de l’information reste cependant un réel problème pour le plus grand nombre : besoin de connaître, certes, mais également de comprendre, d’analyser, de prendre du recul. Qui a dit que les professionnels de l’information sont amenés à disparaître ?
Jean-Philippe Accart
A lire également :
Les articles de Libération et de La Croix sur le même sujet :
http://www.liberation.fr/page.php?Article=265450
http://www.mediascopie.fr/new/presse/presse_medias/lacroix.pdf

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